Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

"Cheval de guerre"

 

Cheval de guerre

 

 

Depuis 40 ans qu'il nous sert des films somptueux, nous pourrions avoir l'occasion de cesser d'être surpris par la maestria de Steven Spielberg. C'est sans compter sur le plaisir toujours resté intact du cinéaste qui jubile à chacune de ses réalisations, joie ressentie par ses (millions de) spectateurs.

 

On ira pas non plus à se béatifier devant lui, il a eu ses navets comme tout le monde. Mais voilà que depuis peu, depuis le 4e (et cependant mauvais) épisode d'Indiana Jones, Spielberg revient vers un cinéma qui ressemble à celui de ses débuts, sa période "Arche perdue" et "E.T.". D'ailleurs son diptyque "Tintin" et ce "Cheval de guerre" ressemble à s'y méprendre à celui des "Aventuriers de l'arche perdue" et d'"E.T." qu'il réalisa successivement en 81 et 82. Le deuxième était censé être un petit film "de repos" tourné en express après l'épuisante première aventure du docteur Jones. Comme ce cheval devait être une récréation après la mise en boite de la colossale épopée du reporter belge. Et à l'arrivée "Cheval de de guerre" est un film monumental. Comme "E.T." en son temps.

 

La comparaison avec le plus célèbre extra-terrestre ne s'arrête d'ailleurs pas là puisque cette histoire d'amitié entre un jeune homme et son cheval rappelle bien sûr celle qui unifiait Elliott et son étrange être venu de l'espace. On perçoit d'ailleurs ce même regard candide chez Jeremy Irvine que l'on distinguait chez le jeune Henry Thomas. Ce regard où s'entremêlent amour et fascination face à un être qui sort du commun des mortels. 

 

La trame de "Cheval de guerre" d'ailleurs évoque là aussi un duo atypique malmené par la folie destructrice des hommes. Et Spielberg ajoute à cette belle histoire le décor qui a fait la grandeur de certains de ses films. Une nouvelle fois la guerre mondiale sera la toile de fond de son épopée. A la différence qu'il s'attaque cette fois à la première guerre mondiale, une nouveauté pour le réalisateur d'"Il faut sauver le soldat Ryan". Sans utiliser la même dureté dans les images qui faisaient l'une des fortes caractéristiques du film avec Tom Hanks, Spielberg ne peint cependant pas un portrait soft de cette terrible période. Comme pour "...Ryan", le cinéaste a voulu un réalisme bluffant. Ses séquences hallucinantes de bataille ont été fort justement comparées à du David Lean (dont Spielberg est fan). Elles sont, ici encore, d'un absolu réalisme saisissant, bouleversant. 

 

"Cheval de guerre" est une oeuvre qui se compose de plusieurs tableaux dont le cheval est le point commun. Tout au long d'une horrible guerre, il est passé de main en main d'anglais à allemands, d'allemands à français, ce qui donne lieu à autant de séquences qui vous prennent aux tripes tant elles sont émouvantes. Chacun aura sa préférée mais il vous sera difficile de rester insensible à la partie mettant en scène Niels Arestrup, enfin dans un rôle éloigné des tyrans qu'il a dernièrement joués, avec sa petite fille ainsi que la trêve anglo-allemande improvisée entre deux tranchées ennemies. C'est l'une des autres forces du film, Spielberg ne fait aucun parti pris sur les protagonistes de cette guerre. Il y a des bons et des méchants dans chaque camp. Il a cette lucidité et cette maturité pour savoir que la plupart des acteurs de cette guerre y étaient bien malgré eux à l'instar de ces deux gamins allemands qui tentent d'échapper à leur régiment sur le cheval du titre, ce qui donne lieu à l'une des plus dures séquences du film. 

 

Spielberg avait, on pouvait le croire, perdu son âme d'enfant à l'issu du quatrième Indiana Jones. Depuis il nous revient vers son cinéma de jeunesse, lui l'homme de 65 ans, avec la même force aidé encore une fois par la musique de John Williams. A 80 ans, le créateur des partitions de "Star Wars" et "Les dents de la mer" n'a rien perdu de sa superbe et nous créé des compositions d'une beauté à couper le souffle. Elles s'accompagnent si bien avec les images que l'on a sous les yeux que l'on s'aperçoit très vite que l'on assiste à un grand film d'aventures tourné "à l'ancienne". Williams comme Spielberg nous ont signé ici assurément leur plus belle oeuvre commune depuis "Il faut sauver le soldat Ryan" et même, allez je me lance, depuis "la liste de Schindler". "Cheval de guerre" ou comment une oeuvre tournée en toute discrétion sous l'ombre de "Tintin" est devenue une oeuvre majeure de son réalisateur ?



23/02/2012
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