Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Un bon second rôle vaut mieux qu'un mauvais premier... dans l'histoire du cinéma, il n'est pas rare qu'un second rôle vole la vedette au premier. On a voulu, ici, relater dix seconds rôles qui ont marqué les esprits;  Nous avons sciemment omis les rôles de méchants qui ont, souvent, pour habitude de marquer les spectateurs bien plus que les rôles principaux. Point donc ici de Joker, Voldemort et autre Hannibal Lecter. 

1/ Dean Martin dans "Rio Bravo" (Howard Hawks, 1958)

Le premier rôle est… John Wayne dans le rôle du shérif John T. Chance

Et alors ? Qu’est-ce qui se passe ?

Avec « Rio Bravo », Dean Martin se voit offrir l’un de ses premiers rôles dramatiques alors qu’il était encore en tandem avec Jerry Lewis deux ans auparavant. Dans le rôle d’un shérif adjoint tombé dans l’alcool suite à un chagrin d’amour, Martin trouve ce qui restera son meilleur rôle au cinéma. Le crooner s’y montre bluffant et devient largement le personnage le plus marquant du film face à John Wayne, certes magnifique, mais dont le personnage de justicier ne surprend déjà plus. Martin enfonce le clou définitivement au gré d’une scène où il pousse la chansonnette en compagnie de Ricky Nelson.

2/ Steve McQueen dans "Les 7 mercenaires" (John Sturges, 1960)

Le premier rôle est… Yul Brynner dans le rôle de Chris

Et alors ? Qu’est ce qui se passe ?

Très populaire à la télé grâce à la série « Au nom de la loi », dont il est la vedette, McQueen a tout à prouver sur grand écran. Quand il se voit proposer d’être le bras droit de Brynner dans l’adaptation western du classique « Les 7 samouraïs », McQueen y voit l’occasion d’y gagner ses galons de star du ciné. De ce fait, l’acteur fait tout pour se faire remarquer, ce qui a aura tendance à agacer la star Yul Brynner. Et même si ce dernier obtient de McQueen de s’effacer quelque peu, le résultat est sans appel : McQueen domine tous ses têtes à têtes avec Brynner. Notons que Brynner aura aussi à s’incliner face à des inconnus nommés Charles Bronson, James Coburn ou encore Robert Vaughn…

3/ Louis de Funès dans "Fantômas" (André Hunnebelle, 1964)

Le premier rôle est… Jean Marais dans le rôle de Fantômas / Fandor

Et alors ? Qu’est ce qui se passe ?

1964, date du premier épisode, marque les (quasi) débuts de Louis de Funès dans un presque premier rôle. A 50 ans, l'acteur commence enfin à se faire un nom après des années de vache maigre. Alors, qu'en cette même année 64, il partage la vedette avec Bourvil dans "Le corniaud" et entame sa série à succès du "Gendarme", il entend bien s'affirmer dans ce premier opus de "Fantômas" où il est, officiellement, le second rôle face à la star Jean Marais qui s'octroie (par prudence ?) le double rôle de Fandor le journaliste et Fantômas. Marais, grâce au cumul des deux personnages, a beau être davantage présent à l'écran, rien n'y fait : les facéties de de Funès éclipsent (presque) totalement les nombreuses cascades de sa vedette. Les producteurs, conscients du succès de Louis de Funès, ne s'y tromperont pas en étoffant chaque fois davantage le personnage de Juve, le commissaire joué par "Fufu" au détriment de Marais dans les épisodes suivants. La coupe sera pleine à l'issue du 3e où Marais jetera l'éponge alors qu'un 4e tome est prévu. Depuis Fantômas court toujours...

4/ Eli Wallach dans "Le bon, la brute et le truand" (Sergio Leone, 1966)

Le premier rôle est... Clint Eastwood dans le rôle de "Blondin"

Et alors ? Qu'est-ce qui se passe ?

Révélé en 1964 par "Une poignée de dollars", Clint Eastwood continue sa collaboration avec Leone dès l'année suivante avec "Et pour quelques dollars de plus". Pour "Le bon, la brute et le le truand", troisième épisode de la saga "Dollars", Leone rompt la solitude de Eastwood en lui octroyant un partenaire assez dissipé en la personne de Tuco, joué par Eli Wallach. Dans cette sorte de "Buddy movie" avant l'heure, Wallach, avec sa personnalité comique, s'octroie les meilleures scènes du film, souvent avec l'ami Clint cependant, lequel fait son job habituel avec professionnalisme. Mais ce dernier, certes impeccable, ne surprend plus au bout de trois épisodes a contrario de Wallach qui annonce, indirectement, le revirement du western spaghetti vers la comédie. L'acteur sera d'ailleurs le partenaire du futur "Trinita", Terence Hill, et son acolyte Bud Spencer dans "Les 4 de l'ave Maria" dans lequel Wallach tient un rôle jumeau à celui de Tuco. Eastwood, de son côté, ne jouera plus pour Leone préférant laisser le rôle principal d'"Il était une fois dans l'ouest" à Charles Bronson. Est-ce par rancune qu'il refusa même le rôle d'un des trois tueurs du début de ce même film ? Eastwood n'a jamais évoqué le sujet mais resta, tout de même, très proche d'Eli Wallach lui offrant même un petit rôle dans "Mystic river". 

5/ Harrison Ford dans "Star Wars, épisode 4 - Un nouvel espoir" (George Lucas, 1977)

Le premier rôle est... Mark Hamill dans le rôle de Luke Skywalker 

Et alors ? Qu'est-ce qui se passe ? 

Après avoir fait passer lui-même l'audition à pléthore d'acteurs (dont le favori Kurt Russell), Harrison Ford est finalement choisi pour jouer le rôle de Han Solo, un mercenaire qui accompagne le couple vedette, Luke Skywalker et Leia Organa, dans leurs aventures intergalactiques face au redoutable Darth Vader.

Octobre 2007, Grand Rex, Paris. Votre serviteur assiste à la diffusion des trois épisodes d'origine dans une salle pleine à craquer. A chaque première apparition des principaux protagonistes des applaudissements fusent dans la salle. Mais lorsque Ford apparait, c'est une pure ovation que l'on entend. Plus encore que Vador, écrasant Luke et Leia...  Au delà de la mise en orbite de la star Harrison, c'est bel et bien Han Solo qui est applaudi à ce point. Incarnation même de la "cool attitude", Ford écrase de sa présence chaque séquence où il apparait. Ce. n'est pas un hasard si Harrison Ford sera le seul à devenir une star. Ce n'est pas un hasard non plus si Solo sera le premier à avoir les faveurs d'un spin-off lors du rachat de la saga par Disney (on oublie exprès les deux épisodes des Emoks...). Plus que Vador, Solo est LA star de "Star Wars" alors qu'il était prévu pour être un second rôle à la base.

6/ Jean Reno dans "Le grand bleu" (Luc Besson, 1988)

Le premier rôle est... Jean-Marc Barr dans le rôle de Jacques Mayol

Et alors ? Qu'est-ce qui se passe ? 

Bien que hué au festival de Cannes, "Le grand bleu" est un triomphe en salles. Après avoir essuyé les refus de Christophe Lambert (qui s'en est voulu après) et Mickey Rourke, Besson a jeté son dévolu sur l'inconnu Jean-Marc Barr pour le rôle principal tandis que son pote Jean Réno se voit confier les rennes d'un personnage bien plus étoffé que ses compostions précédentes dans "Le dernier combat" puis "Subway". Pendant que Mayol déambule au milieu de ses dauphins, Réno assure le show à chacun de ses passages n'ayant aucun mal à tirer la couverture à lui. Bénéfice pour l'intéressé : des premiers rôles débarqueront dont le fameux "Léon" où Besson lui donnera le premier rôle cette fois. 

7/ Whoopi Goldberg dans "Ghost" (Jerry Zucker, 1990)

Le premier rôle est... Patrick Swayze dans le rôle de Sam Wheat

Et alors ? Qu'est-ce qui se passe ?

Allez, si ce n'est pas déjà fait, voir la comédie musicale "Ghost". Pas besoin d'avoir l'oreille fine pour observer qui emporte, haut la main, l'applaudimètre du public. Sam (Swayze dans le film) ? Molly (Demi Moore) ? Non c'est bel et bien la "voyante" Oda. Célébrée par Spielberg dans l'ultra sérieux "La couleur pourpre", l'actrice entame une virée à 360 degrés en se consacrant désormais à la comédie depuis "Jumping jump flash" (elle reviendra au drame plus tard). Avec sa forte personnalité, Whoopi créé un personnage de voyante des plus originales. Véritable pile électrique, elle dynamise le film en lui insufflant un pur punch. Tandis que Patrick Swayze et Demi Moore y sont ignorés, l'Académie des Oscars consacre Whoopi.

8/ Jeff Goldblum dans  "Jurassic Park" (Steven Spielberg, 1993)

Le premier rôle est... Sam Neill dans le rôle du professeur Grant

Et alors ? Qu'est-ce qui se passe ?

Enième choix après pléthore de refus (dont Harrison Ford), Sam Neill, jadis recalé dans le rôle de James Bond, se voit là donner l'opportunité de jouer le personnage principal d'une superproduction. Si le professeur Grant, qu'il incarne, se sort de bien des mésaventures, le public n'a pourtant d'yeux que pour le charismatique professeur Malcolm joué par Jeff Goldblum. La jouant cool, pince sans rire imperturbable, il enjolive toutes les scènes où il est présent. Conscient du charisme qu'il dégage, Spielberg lui donnera la vedette dans sa suite, "Le monde perdu", zappant totalement le personnage de Sam Neill. 

9/ Tommy Lee Jones "Le fugitif" (Andrew Davis, 1993)

Le premier rôle est... Harrison Ford dans le rôle de Richard Kimble

Et alors ? Qu'est-ce qui se passe ?

Fort du succès de "Jeux de guerre", dans lequel Ford pique le rôle à Alec Baldwin, l'acteur récidive en s'octroyant un personnage prévu, à la base au mari d'alors de Kim Basinger. Un rôle en or pour un excellent film qui va faire bondir la notoriété de Ford d'un échellon supplémentaire. Sauf qu'en face, Tommy-Lee Jones voit là une belle occasion d'accéder à une notoriété internationale. Dans le rôle du flic, Jones frôle le surjeu et ça marche ! L'académie des Oscars zappe totalement Ford et récompense Jones d'une récompense. L'acteur, d'ailleurs, jouera la suite, le moins inspiré "U.S. Marshall" où il a la vedette à part entière.

10/ Michael Clarke Duncan dans "La ligne verte" (Frank Darabont, 1999)

Le premier rôle est... Tom Hanks dans le rôle de Paul Edgecomb

Et alors ? Qu'est-ce qui se passe ? 

Quand Tom Hanks apparait à l'écran, fort de son statut de chef de gardien d'une prison, il parait évident que la star, c'est lui. C'est sans compter l'arrivée de Michael Clarke Duncan, prisonnier atypique qui va changer la donne. Avec son imposante stature, il domine le pourtant impeccable casting du film, lequel demeure un must du genre.