Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Au premier abord, "Marie-Line et son juge" apparait comme un gentil petit film qui n'a pas prétention de casser la baraque niveau box-office, malgré son duo de vedettes, avec son sujet aux intonations de version modernisée de "Miss Daisy et son chauffeur".Période  #metoo oblige, le chauffeur est la femme, l'homme est  le passager. 

Alors attention. si le fil conducteur est similaire au film de Bruce Beresford, l'histoire générale, elle, est aux antipodes du classique des années 90. Adapté du roman de Murielle Magellan, "Changer le sens des rivières", le film de Jean-Pierre Améris n'y va pas avec le dos de la cuillère en terme de situations singulières virant, parfois, le tout dans un certain pathos. Pensez donc : côté Louane on a une mère qui s'est suicidée, un père qui a perdu une jambe au boulot et une soeur dealeuse tandis que côté Michel Blanc, nous avons droit à une épouse morte enceinte, une idylle avec une femme meurtirière de son mari auquel s'ajoute un autre drame que nous ne spoilerons pas ici. Ajoutez à cela la trame de départ du film, elle perd son boulot et se retrouve en mois de prison avec sursis suite à un homicide involontaire et vous aurez compris que la coupe parait très pleine en situations exagérées. 

Reste que le film n'est pourtant pas désagréable à regarder. Car ce surplus de pathos est compensé par de jolies séquences. C'est surtout l'alchimie évidente entre Louana Emera et Michel Blanc qui joue sur la réussite du film. Leurs scènes communes font mouche (quasiment) systématiquement, chacun étant impeccable dans son rôle (surtout Michel Blanc génial comme d'habitude). Ça baisse un peu en intérêt sitôt que Blanc sort du scénario notamment durant un curieux quart d'heures lorsque la soeur débarque, comme un cheveu sur la soupe, dans l'histoire donnant lieu à une succession de scènes d'un consternant ratage dont on se demande comment le cinéaste a fait pour les maintenir dans le montage final tant leurs utilités paraissent inutiles.

Hereusement que la barre se relève sur la dernière partie en dépit d'une fin peu crédible. Au final, un film sincèrement joli à voir en dépit de grosses faiblesses de scénario.