Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

"Napoléon,"

 

Napoleon - film 2023 - AlloCiné

 

 

Comme si c'était une nouveauté en cette année 2023, "Napoléon" a causé problème avant même sa sortie. Le motif ? "Napoléon" est un film américain qui traite d'une figure emblématique de notre Histoire. Comme si les américains en étaient à leur coup d'essai quant à relater une histoire qui n'est pas la leur. 

 

Alors oui, quand on voit le film en version originale, ça fait quelque peu mal aux oreilles que d'entendre notre plus célèbre empereur parler la langue de Shakespeare (d'autant plus gênant lors des confrontations avec les anglais). C'est sûr que depuis que Tarantino avait respecté les langues de chacun dans "Inglorious basterds", on pensait désormais échapper à ces facilités linguistiques... 

 

Passée cette gêne de départ, on peut se laisser embarquer dans l'histoire. On s'imprègne dedans d'entrée grâce à la splendeur des décors, des costumes, de la grandeur des images. C'est immédiatement splendide. Joaquin Phoenix apparait, impérial comme il se doit (elle est facile on sait...) et en impose : il est Napoléon, personne ne saura contester cela durant les presque 2h40 de film. A chacune de ses apparitions, il est phénoménal, grandiose. On s'aperçoit, une nouvelle fois, à quel point cet acteur est puissant surtout devant la caméra de Ridley Scott qui lui avait déjà offert un rôle majeur dans "Gladiator".

 

A la tête de ses batailles, qu'il a concrétisées avec succès à l'exception d'une, il est magistral. Et Scott, dans son élément, lui sert des scènes de guerre extraordinaires. Elles sont la force secondaire du film. Le cinéaste, qui a entamé sa carrière avec "Duellistes", nous rappelle à quel point il n'est jamais aussi bon que dans cet exercice. Le réalisateur de "Kingdom of heaven" nous met au coeur des batailles avec une époustouflante authenticité (attention aux spectateurs les plus jeunes, certaines séquences pourraient heurter leur sensibilité). De ce point de vue là, le film est une réussite complète.

 

Cela coince un peu plus, en revanche, quand le réalisateur aborde la romance entre Napoléon et Joséphine. On sent, dès lors, que Scott sort de sa zone de confort et s'embourbe dans des séquences répétitives où l'alchimie entre Joaquin Phoenix et Vanessa Kirby semble ne pas fonctionner. A partir de là, le film s'enlise dans des séquences loin d'être réussies où le cinéaste essaie de ressembler au Kubrick de "Barry Lindon" au gré de séquences à la bougie qui n'ont pas du tout la même puissance visuelle. 

 

Ce manque d'aisance, dans un domaine qui n'a jamais été son créneau, nous laisse imaginer ce qu'aurait pu donner une co-réalisation, inédite pour le cinéaste, avec une Sofia Coppola qui aurait assuré la partie romantique du film pendant que Scott s'adonne à ses scènes de bataille. On est d’autant plus désolé de ces nombreuses séquences, dénuées de toutes émotions, qu’elles se font au détriment de la fameuse bataille de Waterloo, que l’on attend tous, laquelle est bâclée en 20 minutes…

 

Peut être, qu’en imaginant cette collaboration, alors, que le film aurait gagné un sommet finalement pas atteint. Trop en mode "yoyo" (une bonne scène en suit une ratée grosso modo), le film n'est pas le chef d'oeuvre qu'il aurait pu être. "Juste" un bon film pas forcément inoubliable.

 



22/11/2023
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