Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

"Potiche"

Potiche

Après une série de films incitant le spectateur à rentrer au plus vite vers une clinique psychiatrique sous peine de finir en depression, Ozon revient vers un cinéma plus léger qui lui avait si bien réussi jadis avec "Huit femmes". C'est justement en retrouvant une de ces femmes qu'il renoue vers la comédie. Et le choix de Catherine Deneuve, puisque c'est d'elle dont il s'agit, se montre le plus judicieux tant le rôle semble avoir été écrit pour elle (ce qui n'est pourtant pas le cas). On oublie trop souvent que la grande Catherine peut se montrer une redoutable actrice de comédies. Témoin des films phares comme les excellents "la vie de château" et "le sauvage". Ce rôle de petite bourgeoise qui écrit des poèmes face aux animaux de la forêt qui va se découvrir une âme de patronne puis de militante politique lui sied à merveille. Deneuve ne recule devant rien que ce soit faire un footing en jogging rouge Adidas ou chanter, comme à la belle époque, une sublime reprise de "c'est beau la vie" de Jean Ferrat qu'une Martine ou une Segolène seraient bien tenter de piquer en cas d'une victoire présidentielle future...Face à cette grande actrice, il fallait un grand acteur. Une vieille connaissance. Evidemment Depardieu, qui a tourné tant de fois avec Deneuve, était le choix évident. Paradoxalement au drame survenu dans sa vie privée (la mort de Guillaume son fils), l'acteur se montre dans une forme artistique exceptionnelle ("mamuth", "la tête en friche"). Ses retrouvailles avec Deneuve sont un régal et occasionnent des moment de grâce comme cette danse impromptue au club au nom bien trouvé "le badaboom". Quand les deux évoquent leur passé, on ne sait plus si ce sont les personnages qui parlent ou les acteurs. Un bonheur cinéphilique...Face à ces deux monstres sacrés il fallait un casting impeccable. De Fabrice Luchini génial patron manipulateur à Judith Godrèche parfaite blonde écervelée en passant par Karin Viard et Jeremy Rénier, c'est toute une brochette d'acteurs au sommet de leur art (comme souvent chez Ozon) que nous voyons défiler sous nos yeux. Mais un beau casting ne suffirait pas s'il n'était pas associé à un solide scénario. La femme au pouvoir ? Ozon remonte à l'époque où tout a basculé. Les années 70 sont merveilleusement repeintes que ce soit dans les décors, les costumes, les coiffures des acteurs...Ozon est attentif au moindre détail de son oeuvre. Il n'en oublie pas de savoureux dialogues parfois en forme de clins d'oeil (un petit et savoureux "casse toi pov con" !). Si le ton théatral est parfois génant, Ozon réussit son film le plus réussi depuis longtemps et brosse, par le biais des années 70, un portrait grincant (et très gauchiste) de la France des années 2010.



13/11/2010
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