« Babylon »
Premier grand film très attendu de 2023, « Babylon » a fait son plein de promos avant de débarquer sur nos écrans avec son lot d’encensement qui suscitait la curiosité, surtout de la part du réalisateur de « La La Land ». Hasard du calendrier ? En quelques semaines, il nous est proposé de découvrir la vision du cinéma hollywoodien faite par trois cinéastes majeurs : Steven Spielberg avec « The Fabelmans », Sam Mendes avec « City of light » et donc Damien Chazelle avec « Babylon ».
Et le moindre que l’on puisse dire, c’est qu’avec « Babylon », on en prend pleins les mirettes dès les premières minutes durant le prologue de 45 minutes (!) où cela va dans tous les sens à un rythme infernal, le tout sur une bande originale parmi les meilleures que l’on ait entendues ces dernières années, bravo à Justin Hurwitz pour son travail phénoménal. Damien Chazelle, de son côté, démontre, une nouvelle fois, qu’il n’a pas son pareil pour filmer des séquences dansées qui sont le pivot même de son cinéma et de ce film en particulier.
Au delà de ces scènes, Chazelle nous propose des moments d’une intense puissance. Sa déconstruction du Hollywood doré se fait au gré de scènes assez folles, où chacun retiendra sa préférée. Nous avons retenu ici celle où Margot Robbie répète une scène banale jusqu’à quasi épuisement corporel, Brad Pitt en réflexion sur la trace qu’il laissera au 7e art dans 100 ans sans oublier toutes celles qui semblent sortir d’un Tarantino.
Car Chazelle, à plusieurs reprises, semble avoir sorti d’un tiroir des scènes qui auraient été mis de côté par l’ami Quentin sur « Once upon a time in Hollywood ». Impression accentuée par les présences de Margot Robbie et Brad Pitt. On prend pour exemple la séquence du serpent (vraiment utile ?) qui semble tout droit sorti d’un film du réalisateur de « Kill Bill ».
C’est l’un des problèmes fondés du film qui s’égare, par moments, dans des scènes dont l’utilité n’est pas claire et ne justifie en aucun cas l’extrême longueur du film qui aurait pu, aisément, passer de trois à deux heures sans que cela affecte la trame du scénario. Déplorons au passage, certaines séquences à la tendance scatologique un peu douteuse. Avoir, en cinq minutes, une scène de défécation éléphantesque ajoutée à une scène d’urine en plein visage laisse perplexe au point de se demander si le cinéaste n’a pas un problème avec ça…
Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant. L’énormité des scènes, évoquée ci-dessus l’emporte sur le tout. D’autant que l’interprétation est, une fois de plus dans le cinéma de Chazelle, exceptionnelle. Que dire de Margot Robbie, l’actrice qui n’en finit plus de monter ? Elle est bluffante d’un bout à l’autre. Il n’y a qu’à voir son aisance à passer du rire aux larmes pour comprendre quelle actrice remarquable elle est. Sans aucun tabou, l’actrice se lâche littéralement sans filtres. A ses côtés, Brad Pitt continue d’arborer son personnage récurrent de nouveau « King of cool » qu’il se complaît à jouer devant les caméras, tant cinématographiques que télévisuelles, depuis quelques années même si ici son personnage a une tendance plus sombre que dans les précédents films. Face à ces deux acteurs, qui monopolisent largement l’écran à chacune de leurs apparitions, Diego Calva assure l’interlude dans le rôle de celui qui, finalement, est le fil conducteur du film. Enfin, nous ne pouvons pas ne pas mentionner la délicieuse présence de Tobey Maguire qui, dans un rôle de producteur aux tendances psychopathes livre une prestation haut de gamme dont on ne doute pas un seul instant le bonheur qu’il a eu à le jouer.
Si « Babylon » n’est peut être pas le grand film qu’il souhaitait devenir, il n’en demeure pas moins intéressant et ravira à coup sûr bon nombre de cinéphiles.
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