« Un homme pressé »
C’est donc à l’un des acteurs qui manie le mieux la langue de Molière qu’a été confiée la tâche de jouer cet homme qui, suite à un AVC, perd l’usage des mots en se mélangeant les pinceaux quant à la prononciation de chacun d’eux.
Le paradoxe est amusant et l’idée sans doute lumineuse. On imagine volontiers l’amusement de Luchini à la lecture du scénario.
Reste qu’après une première partie plutôt sympathique, le film se met à ramer sévèrement. La faute à un scénario incapable de faire évoluer les situations se contentant de jouer avec le contexte du départ en l’utilisant à outrance. Ce qui donnerait lieu à un sketch amusant s’étend ici dans d’interminables séquences qui finissent toutes par se ressembler. Le plaisir du départ se transforme vite en lassitude. C’est d’autant plus irritant que le cinéaste semble se complaire à faire dire des mots rigolos à Luchini en lieu et place des vrais. On est à la limite pas loin du « pipi caca » des cours d’école, c’est dire le niveau... le vice est quand même poussé jusque dans le générique final. Quand on a une (mauvaise) idée autant la tenir jusqu’au bout...
Histoire, malgré tout, de donner un peu de consistance au tout, le réalisateur Hervé Mimran s’est senti obligé de rajouter une dramaturgie à l’orthophoniste histoire sans doute de pouvoir trouver une actrice du gabarit de l’excellente Leila Bekhti capable d’être intéressée par le rôle. Cela n’apporte rien au film mais ça remplit des minutes...
Il y a une envie un peu trop voyante de la part du cinéaste de vouloir refaire le coup de « Intouchables » déjà tenté, avec succès d’ailleurs, par Éric Lartigau et sa « Famille Belier ». On prend un handicap et on le relativise en inculquant des scènes de comédie. Il faut quand même savoir faire évoluer son histoire et ne pas patauger dans le néant. Ce qui aurait pu être un coup de cœur de cette fin d’année se transforme dès lors en grosse déception.
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