Pour une poignée de 7e art (par Indy Blave)

Cela commence très fort : le long pré-générique met les bases d’entrée de jeu. Ça va vite, très vite. Ou comment deux jeunes qui se sont connus sur Tinder vont partir en cavale poursuivis par des flics qui veulent au mieux les arrêter, au pire les mettre six pieds sous terre suite à la mort de l’un d’eux dont ils tiennent les deux jeunes, noirs c’est important de le souligner, pour responsables.

Comment faire un « Bonnie and Clyde » moderne tout en dénonçant un état de fait bien réel aux U.S.A., le racisme vécu par les noirs auprès d’une certaine élite policière ? C’est la question que s’est posée Melina Matsoukas qui signe un vrai film rythmé et soutenu assorti à un débat d’idées sans doute trop caricatural.

Le rythme, c’est une histoire qui n’est pas avare en rebondissements et de trouvailles judicieuses vécus par un couple d’acteurs épatants formés par Daniel Kaluuya, qui confirme sa belle ascension constatée depuis quelques films, et la révélation Jodie Turner-Smith incarnation parfaite de la femme des années 2020, mode survivante et battante de l’ère Trump. L’alchimie entre ces deux là est évidente et doit énormément à la réussite d’un film solide et efficace d’un bout à l’autre.

Ça pêche un peu plus sur le message que veut lancer Matsoukas. A vouloir trop généraliser la police américaine, elle semble parfois créer un racisme inverse. La caricature est poussée à l’extrême lors de certaines scènes. Les mauvais flics sont forcément blancs tandis que les rares policiers sympas que l’on va découvrir sont noirs. Ce manque flagrant d’objectivité fait perdre de sa crédibilité le message porté et nuit quelque peu au film dont la fin est également trop attendue flirtant légèrement avec le grotesque. Dommage car il manquait peu ici pour faire de ce film un futur grand classique du genre.