"Une bataille après l'autre"
On comprend aisément l’enthousiasme de la presse à la découverte d’un gros film américain qui sort des sentiers battus en offrant autre chose qu’une énième suite ou qu’une niaiserie formatée. Il serait d’ailleurs hypocrite de les dénigrer totalement ici : certaines de ces œuvres se révèlent malgré tout réussies.
Reste que Paul Thomas Anderson appartient à cette catégorie d’auteurs dont le travail séduit largement, notamment grâce à une filmographie éclectique. Une bataille après l’autre en est une nouvelle preuve.
Certes, on n’est pas toujours ébloui par ses films, et ce dernier n’échappe pas à quelques réserves. Le début, un peu laborieux, peine à trouver son rythme. Mais il se révèle finalement nécessaire pour mettre en place l’intrigue et introduire Chase Infinity, véritable révélation du film. Connue surtout pour son rôle dans la série Présumé innocent, l’actrice, loin de se laisser impressionner par le prestige de ses partenaires, impose un naturel saisissant qui force le respect.
Autre bonne surprise : Sean Penn. Sa performance est éblouissante — une nomination aux Oscars semble presque acquise — mais c’est surtout l’ampleur de son rôle qui surprend. Alors que les bandes-annonces laissaient présager une simple apparition, il partage finalement presque la vedette avec Leonardo DiCaprio. À l’inverse, Benicio Del Toro se montre moins présent qu’attendu, mais chacune de ses scènes suffit à rappeler l’étendue de son talent.
Et puis, bien sûr, il y a Leonardo DiCaprio. On peut discuter à l’infini de son statut, mais le constat s’impose : il est sans doute l’acteur américain à la filmographie la plus impressionnante de ces trente dernières années. Après Scorsese, Spielberg, Eastwood, Tarantino, Ridley Scott, Danny Boyle, Sam Mendes, Baz Luhrmann ou encore Iñárritu, il ajoute désormais Paul Thomas Anderson à la liste des cinéastes d’exception avec lesquels il a collaboré. Ici encore, il déploie toute l’étendue de son talent, avec ce mélange d’intensité dramatique et de pointe d’humour qui constitue sa marque de fabrique.
Avec ses scènes d’anthologie — on pense notamment à une spectaculaire course-poursuite en voiture —, son sens du rythme et ses trouvailles visuelles, Une bataille après l’autre confirme une fois encore le savoir-faire d’Anderson.
En définitive, le film s’impose comme une œuvre ample, maîtrisée et audacieuse, portée par un casting remarquable. Une nouvelle démonstration qu’Anderson, cinéaste éclectique par excellence, sait encore surprendre et affirmer sa singularité au cœur du cinéma américain.
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