"Dunkerque"
Si chaque nouveau film de Christopher Nolan est désormais un événement, ce "Dunkerque" l'était plus encore que ses précédents. Celui qui redonné ses lettres de noblesse à "Batman" mais aussi aux films de sf en général s'inscrivait comme une évidence comme auteur de film de guerre, un genre sur lequel il ne s'était pourtant pas frotté mais dont il était sûr qu'il allait lui convenir à merveille.
Cela allait il être trop beau pour être vrai ? Une bande-annonce alléchante et des critiques journalistiques élogieuses. Trop beau pour être vrai. Et pourtant...
Dès les premières images le ton du film est donné : un groupe de soldats anglais canardé par un ennemi (c'est d'ailleurs sous cette appellation que sont décrits les allemands dans la courte présentation des faits) dont on ne verra jamais le visage, une musique oppressante signé du désormais légendaire Hans Zimmer et des dialogues d'une grande rareté donnant au tout un côté documentaire sur lequel va s'appuyer Nolan.
D'abord avec cet ennemi invisible mais dont tout le monde connaît l'identité, Nolan réinvente le concept inventé par Spielberg lorsque celui ci réalisa "Les dents de la mer" avec un requin qui faisait tres peu acte de présence à l'écran ce qui en accentuait la crainte. Cela fonctionne aussi bien ici et c'est épatant. Du soldat allemand nous ne voyons que les avions qui bombardent ou les balles qui criblent les coques des bateaux échappatoires. Mais surtout nous constatons comme ces soldats perdus les dégâts collatéraux énormes causés par ces invisibles.
La musique de Hans Zimmer n'est pas si éloignée que cela du John Williams de "Jaws". L'arrivée des avions d'attaque est accompagné par une symphonie d'attaque qui rappelle celle du requin de maître Spielberg et cela fonctionne ici aussi bien. Il y aura toujours à titiller sur certaines partitions davantage énervantes qu'envoûtantes mais qu'importe.
Nolan nous offre, par ailleurs, des images bluffantes. Caméras sur l'avion, plans à couper le souffle... tout donne l'impression d'un authentique docu-fiction qui fait entrer littéralement le spectateur dans l'action, impression largement plus efficace sur grand écran n'en déplaise à Netflix.
Alors bien sûr, comme souvent chez Nolan, il y a un petit côté brouillon notamment dans la juxtaposition des séquences qu'il est possible de croire simultanées alors qu'elles reflètent trois moments distincts à trois endroits différents.
De plus, à vouloir minimiser les dialogues, Nolan envoie l'artillerie lourde pour de l'action guerrière non stop qui peut parfois donner l'impression de redite. D'où quand même l'intelligence du cinéaste d'avoir fait un film étonnamment court de sa part. Lui qui a flirté régulièrement avec les 3h de film nous offre "que" 1h47 pour un genre qui a pourtant bien souvent donné lieu à de très longues durées .
L'œuvre en ressort plus forte et plus efficace et va sans doute compter parmi les œuvres maîtresse des films de guerre. On est en droit quand même de lui préférer certains autres chefs d'œuvre.
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